e n’avais pas besoin de lancer un « maman je suis rentrée », alors que je passais la porte principale de la maison. Je savais qu’il n’y avait personne, ma mère était encore au travail et ne comptait pas rentrer avant d’avoir passé sa soirée avec ses amies. Je retrouvais comme à son habitude, une petite note écrite de sa main collée sur le frigo, dans laquelle, elle m’expliquait son plan pour la soirée, que je devais commander à manger, parce qu’elle n’avait pas eu le temps de préparer quelque chose, sans oublier un "bisou, je t’aime.". Et comme la plupart du temps, un billet de vingt dollars était coincé entre l’aimant et la porte du réfrigérateur. Je me dépêchais de ranger l’argent dans la poche arrière de mon jean avant de me hâter, montant les escaliers jusqu’à ma chambre en quatrième vitesse. Tout en mettant un pas devant l’autre, je sortis mon portable de la poche de ma veste et envoyais un SMS rapidement à Sio : Yo ! Toi, moi, pizza et tequila chez moi ? Ma mère est encore de sortie ce soir. De toute façon, t’as pas le choix, t’es obligé de venir sinon, j’arrive et je traine par la peau des fesses. Et puis si un psychopathe décide de rentrer chez moi, je ne veux pas être la seule qu’on retrouve en petits morceaux dans la baignoire de la salle de bain. La fin de mon message me fit rire alors que je le relisais. Je pouvais vraiment être parano, parfois, mais c’était vrai que je n’aimais pas trop me retrouver seule le soir. Il manquait terriblement un chien, dans cette maison. La réponse de Sio ne se fit pas attendre et je ne pus m'empêcher de sourire et de rire doucement en voyant sa réponse. Elle n'allait pas tarder et j'avais juste assez de temps pour prendre une douche rapide. Je posais mon manteau sur la chaise de mon bureau avant de jeter mes bottes en cuir cloutées, dans un coin de ma chambre. Je me dirigeais jusqu'à ma propre salle de bain, laissant tomber derrière moi les habits que j'avais portés pour cette journée.

Vingt minutes plus tard, je sortis enfin, coiffant mes cheveux en un chignon sauvage, avant de passer des habits un peu plus confortable. Il fallait encore appeler pour commander les pizzas, mais je préférais attendre Sio, afin de savoir ce qu'elle voulait manger. Je me voyais déjà déguster ma pizza hawaïenne, rien que d'imaginer ses petits cubes d'ananas sous une tonne de fromage fondant, l'eau me montait à la bouche. Et puis la sonnette de la maison retentit, signe que Sio était enfin arrivé ou que le psychopathe de mon imagination était polie. Je descendis les escaliers en vitesse, manquant à peine de descendre le reste des marches sur les fesses. Je me dépêchais d'atteindre la porte d'entrée, l'ouvrant en grand pour laisser passer ma cousine. « T'as fait vite, c'est l'appel de la tequila, avoue ! » M'exclamais-je tout en lui faisant un grand sourire.

’était dingue ! Ludwig me manquait, je ne l’avais pas trop vu depuis ces trois derniers jours et chez moi le manque ce faisait malheureusement ressentir. Je me sentais si mal, mais il avait une copine chose que moi je n’avais pas pour ne pas passer mes soirées toute seule à déprimer. Je venais de rentrer de balade à cheval, j’avais eu besoin de ressentir la puissance de l’un de ces êtres vivant et tellement magnifique. Je m’étais promenais dans la forêt non loin de Pearl Trees. J’avais profité de cette solitude pour tenter de remettre mes idées en place. Car c’était tout sauf normal d’aimer son meilleur ami ? Enfin, c’était surtout vu et revu, puis le réaliser quand il se fout en couple avec sa cousine qui se rapprochait plus d’une sœur ou d’une meilleure amie c’était quelque chose de con. Je n’allais pas blesser ma cousine ou encore perdre l’amitié de Lud, alors il fallait que j’oublie mes sentiments, j’avais décidé de le faire, mais c’était toujours plus facile à dire qu’à faire dans le fond. Au fond, c’était ma faute, alors maintenant il me restait plus qu’à faire comme si de rien n’était. Je savais jouer la comédie après tout, depuis le temps que je le faisais , cela n’était plus trop compliqué, même si les voir ensemble me faisait mal, j’avais comme l’impression de perdre Lud, qui n’était plus trop là, mais il devait avoir un tas de truc à penser. Enfin, j’avais fini de desceller mon cheval, je le rentrais dans son box pour aller à la maison, je n’avais pas croisé mon père ou ma sœur aujourd’hui … quoi que c’était mieux ainsi, j’avais donc pas eu le droit à un petit refrain sur le fait de pardonner à ma mère était une chose importante. Oui, ça l’était pour elle, pour moi ? Beaucoup moins dans le fond. Je vivais bien sans elle, ma tante s’était toujours rapproché d’une mère pour moi, alors la connerie de figure maternelle j’avais vu mieux que ma chère mère avec la mère d’Emma. Je me servais un verre d’eau me disant que pour une fois j’allais me coucher tôt et que j’allais déjà me mettre en pyjama et surtout réfléchir à quoi j’allais manger. Mais au moment de poser mon verre vide sur le plan de travail prés de mon téléphone ce dernier sonna. Je le prenais et lisais le message de ma cousine amusée. « Sinon, tu écris souvent des romans dans les sms toi ? » Je déposais mon téléphone, il n’y avait pas besoin de dire oui ou non, la réponse était toujours la même : oui. J’avais beau un peu la jalouser depuis quelques temps, je ne reniais pas ma Emma.


J’avais filé assez rapidement sous la douche pour ne plus avoir cette odeur de ce vieil étalon sur moi, je venais d’en sortir, les cheveux lissés en serviette. J’allais m’habiller assez rapidement enfilant un jean blanc et un haut que j’attrapais au hasard rapidement. Je Rassemblais mes affaires et une fois cela fait je prenais les clefs de ma voiture, qui était l’ancienne voiture de mon père, il voulait que je me fasse la main dessus, car la première voiture que j’avais eu je l’avais mis dans un fossé dès la première seconde. J’arrivais devant chez ma cousine et finissait par aller sonner à la porte en attendant qu’on m’ouvre, je tapais contre la porte pour faire style qu’elle n’était pas assez rapide, puis la porte s’ouvrit laissant un sourire joyeux sur mon visage. « Exactement, en vrai je pense prendre la bouteille et te laisser là ! » Je lui faisais un petit clin d’œil avant de la prendre dans mes bras tout en entrant chez elle, car mine de rien il commençait à faire légèrement froid dehors.

'aurais pu inviter Ludwig, mais je ne voulais pas rendre les choses plus bizarres qu'elle ne l'était entre nous, parce que devant Sio, on aurait dû jouer le petit couple d'amoureux fou de l'un l'autre. Certes, j'aimais Ludwig, mais pas de cette manière. Il était mon meilleur ami, mon confident et surtout le frère que j'aurais rêvé d'avoir, mais que je n'ai jamais eu. Enfin cette dernière partie me mettait à présent mal à l'aise et me faisait penser que c'était de l'inceste, du fait qu'on jouait un faux couple. Je préférais donc passer une soirée avec Sio seulement, une soirée fille en quelque sorte, bien qu'avoir le brunet avec nous aurait été sûrement rendu la soirée meilleure. Cela faisait tout de même un bail que je n'avais pas passé un instant seul à seul avec ma cousine. Je lui avais donc envoyé un sms, lui expliquant que ma tendre, mais surtout folle de mère n'était pas là ce soir et que de ce fait, la maison était mienne pour toute la soirée. J'en fis comme souvent un peu trop, ajoutant une connerie à la fin pour la faire rire. Sio ne tarda pas à me répondre et je ne pus me retenir d'éclater de rire devant sa réponse. Je répondis vite fait un: Très souvent même ! À toute ! Le temps qu'elle arrive, j'avais pris une douche rapide, mais surtout bien chaude, au point de rougir ma peau et passé des habits un peu plus relaxe. Bon, je n'étais pas non plus en jogging, j'avais passé un legging noir décoré de croix, un haut du même style et un gilet assez long pour cacher mes fesses. Je me lâchais jouant la carte de la rebelle rockeuse que j'étais au fond. Il y avait seulement mes chaussons en forme de patte de Sully du film Disney monstre et compagnie qui faisait légèrement cloche, mais je les adorais tellement qu'il m'était impossible de ne pas les porter à la maison. Alors que je passais mes bracelets favoris, que je portais vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la sonnette de la porte d'entrée retentit, signe que ma cousine était à présent arrivée.

J'ouvris la porte, un grand sourire aux lèvres à l'idée qu'elle soit enfin là et que la soirée venait tout juste de commencer. Bien entendu, je ne pus m'empêcher de sortir une bêtise, comme Sio ne put s'empêcher de rentrer dans le jeu. « Ingrate ! » Pouffais-je, tout en riant, avant de la serrer dans mes bras. Je la laissais entrer à l'intérieur, en prenant soin de fermer la porte à clef. Je me sentais toujours un peu plus en sécurité quand celle-ci était close à double tour. Que voulez-vous à mon âge on a une imagination grandissante et la mienne me faisait toujours devenir parano. « Pizza, ça te va ? » Demandais-je tout en entrant dans la cuisine. J'attrapais le combiné téléphonique et sortis le livre de cuisine dans lequel ma mère avait glissé tous les menus et numéros de téléphone des restaurants et fast foods du coin. C'était assez ironique vu que sur la couverture du bouquin était écris : Les bonnes recettes de maman. À chaque fois que je le sortais du placard, je ne pouvais pas m'empêcher de pousser un petit rire.